PAPOUA-Danis-Korowais 10 jours Mars 2008

Voyage en Papouasie avec Corinne, Irène, Marguerite, Martine, Sandrine et Virginie
En mars 2008

Agence : Guide Nicky Mehue (papou parlant très bien l'anglais) nickymehue@yahoo.com
Le guide est super sympa, nous mets tout de suite à l'aise et nous raconte plein d'histoires.
Par contre, pour visiter la mine d'or de Timika, il faut demander les autorisations 2 mois à l'avance...ce qu'il avait omis de nous dire!!!

Vols : Vols Garuda pour Jakarta-Jayapura et Timika-Jakarta environ 340US$/pers
Prix treck 10 jours : 3200US$/pers compris les vols sur avion affrété spécialement TRIGANA (14 places)

Mardi 11 mars 2008 : Jakarta Jayapura Wamena : J’attends tout l’après midi en glandouillant, mes affaires sont prêtes. Marguerite arrive à 5h. Par hasard, je lui demande « tu as bien ton billet d’avion ? » « -Tu plaisantes ?? » me répond elle. Heureusement, ce sont des billets électroniques donc juste un petit stress pour bien débuter le voyage…
Nous partons chercher Virginie. En route sous la pluie avec Miskun quand je reçois un sms de David me demandant les photocopies des passeports. Nous décidons de nous arrêter au Sheraton pour faire des photocopies. Et là, 2e coup de calcaire : Sandrine, en ouvrant son passeport voit la tête de son fils. Branle bas de combat, tél à JP qui envoie le passeport en taxi, pendant que nous partons dans l’aérogare pour enregistrer les bagages. Ouf, c’est fait. Nous allons enfin pouvoir attendre le départ autour d’un verre…et non, un employé me rappelle pour me dire qu’un sac s’est cassé et, bingo, c’est le sac tout neuf d’Irène. Réclamation vigoureuse de sa part, ça dure jusqu’au moment du départ.

Après ces péripéties, on embarque et on décolle à peu près à l’heure. J’ai reçu un sms angoissé de Chloé qui a peur que nous ayons un accident d’avion.
Deux escales. Il pleut à Biak mais en arrivant à 6h 30 à Jayapura il fait beau. Nicky nous accueille et nous présente Denver, sa fille de 13 ans, Otis le cuisinier qui restera avec nous et Freddy. Nous prenons un vol Merpati pour Wamena dans la foulée et je discute un peu avec Nicky du programme.

Mercredi 12 mars : Wamena-Nord Vallée Baliem-Wamena : Arrivée à Wamena vers 8h. Check in à l’hotel Baliem Pilamo, style indo avec jardin patio.
Chambres simples mais propres, lumières blanches et murs vert et jaune. Après une pause café, nous allons découvrir la ville. Il fait super beau, pas trop chaud, on est en altitude (1800m). Au marché local on voit quelques papous avec des plumes et des étuis péniens (kotéka).
Arrêt près d’une école maternelle chrétienne avec beaucoup de petits indonésiens et peu de papous.
Nous rentrons en becak en faisant un petit tour. La petite ville est dans une vallée magnifique. Nous partons déjeuner près de l’hôtel. Spécialités : les écrevisses de la rivière Baliem et le jus de Terong Blenda. Tout est délicieux.


L’après midi, nous partons dans le nord de la vallée à Sumpaima, le village du clan Mabel pour voir la momie du fondateur du village, conservée par les habitants.
L’endroit est assez agréable, les danis sympathiques mais très business (pas de photo si on ne paye pas, etc …). C’est de bonne guerre mais un peu pénible pour les amatrices de portraits…Après une demi heure nous allons à pied vers un autre village : Anemaugi. Les habitants –surtout les enfants- paraissent être en plus mauvaise santé : gros bidons, cheveux jaunes, maladies de peaux diverses, nez qui coulent en permanence… Ils sont très gentils et nous leur achetons des babioles. Un gamin a des plaies purulentes sur les fesses. Sandrine lui donne la bétadine qu’elle a sur elle et Nicky explique à son père comment nettoyer la plaie. Les femmes d’âge mur (bien mûr même) ont des phalanges en moins.
C’est une tradition qui veut que quand quelqu’un qu’elles apprécient beaucoup décède, elles se coupent une phalange (rien que d’y penser, ça fait très mal !!!) et elles se soignent le moignon avec des pansement et onguents traditionnels. Les hommes aussi pratiquent ça mais on n’en a pas vu. Ceci dit, cette tradition (barbare, il faut bien le dire) ne se fait plus vraiment car les jeunes issus de ces villages proches de la ville accèdent maintenant à l’école, ils apprennent à écrire et ne veulent plus se mutiler les mains.
Nous rentrons sur Wamena pour voir le marché avant 18h. Enfin, je trouve des Marlboro putih. Il y a de gros fruits rouges ressemblant un peu à des fruits à pain rouges et allongés.
Ce sont des fruits de Pandanus. Il y a aussi des possum sur les étals des bouchers…
Corinne s’achète un chapeau en poils de possum et plumes d’oiseau du paradis. Très joli. Beau choix d’artisanat papou.
Nous rentrons préparer nos sacs pour le trek de demain. Nous laissons les affaires dont nous n’auront pas besoin et les remplaçons par des cadeaux divers pour les enfants de villages danis.
C’est l’heure de l’apéro. Virginie a amené une sorte de rhum. Avec des glaçons, ça passe très bien. Crackers, saucisson et tomme de chèvre…C’est Byzance !!!
Dîner à l’hotel. Questions et angoisse fusent et Nicky rassure tout le monde…sauf que… demain, le trek ne va pas durer 4h comme prévu initialement, mais 7 h car un pont s’est cassé et il nous faudra faire un détour.
Première impression après cette journée : Les papous sont plutôt accueillants mais un peu harcelants. Les indonésiens non papous sont pour beaucoup des flics et des militaires. La papouasie à l’air très fliquée et pas par les papous !!!

Jeudi 13 mars : Wamena-Hitugi pays Dani : Départ à 8h en voiture pour le trek. Une demi heure de route, puis, on s’arrête. Nicky nous attribue à chacune un porteur. Pour moi, ce sera Jurius.
Nous entamons notre marche sur une route rocailleuse et, nous traversons le lit d’une rivière en grande partie asséchée. Il nous faut faire attention car c’est très meuble en dessous de la croûte sèche. Je m’enfonce le pied, Denver – en tongue - s’enfonce jusqu’au mollet !!! Il parait que selon l’endroit, on peut s’enfoncer jusqu’à mi-cuisse.
Au bout de deux heures de marche tranquille sur la route, nous arrivons au poste de police où Nicky doit nous « déclarer ». Il y a un petit marché. Comme d’hab’, nous avons des difficultés pour prendre des photos, les gens veulent des sous.
Nous passons devant un poste de militaires plutôt agressifs. L’un d’entre eux arme même sa mitraillette quand Virginie lui dit bonjour. Après palabres, ils nous laissent passer et nous rejoignons Nicky. Pic nique au bord du ruisseau. On repart, ça grimpe assez raide pendant une bonne heure. On s’arrête souvent, puis, ça descend et ça grimpe pendant les trois heures qui restent. Le paysage est magnifique. On se pose des feuilles d’arbre rafraîchissantes sur le front et les joues.
A la fin de la journée, je suis fatiguée, j’ai l’impression que je ne peux plus grimper.
Nous arrivons à Hitugi vers 5h. Nous nous installons dans la case en bois du chef. C’est l’heure de la messe et nous écoutons les gens chanter après avoir enlevé nos grosses pompes. Ensuite, douche. Froid, très froid et folklo. Nous sommes 3 et pendant que 2 tiennent un paréo la troisième se lave vite fait à l’eau glacée. C’est tonifiant.
Nous dînons dans le pilamo (case ronde) de réunion en discutant avec Nicky de la culture Dani. Il nous raconte que ce pilamo sert à des réunions pour régler les problèmes entre les villages alentours : Femmes qui se font enlever par un homme d’un autre village a palabres pour décider du montant (en général un nombre de cochons) de ce que l’amant doit payer au mari éploré. Nous évoquons aussi le sida qui fait des ravages dans les villes de Papouasie.
J’ai mal aux cuisses. Je me couche à 9h sans même me laver les dents (oh !la cochonne)

Vendredi 14 mars : Hitugi-Kilise : On donne quelques cadeaux au maître d’école, on pack et on s’enquiert des prix de quelques articles mais, trop cher, pas envie de négocier.
Nous partons pour Kilise, où l’on dormira cette nuit. Que de la descente bien raide pendant 3 bonnes heures, rude pour les pieds et les genoux, mais je préfère à la montée.
Nous passons 2 ponts suspendus au dessus de la rivière Baliem puis on se baigne une petite demi heure. Les porteurs se lavent ; Virginie et Marguerite se trempent complètement; Sandrine, Corinne et moi nous contentons de nous mouiller les pieds. Elle est glacée mais c’est bon de se reposer un peu.
Irène a eu du mal à cause de son genou, elle ne veut même pas descendre le 10 m qui lui restent pour se baigner et préfère attendre que l’on reparte.
Il est 12h30 quand nous repartons, et cette fois ça montre très dur pendant une heure. Ras le bol. Heureusement que le paysage est vraiment sublime. Nous déjeunons vers 2h, à flanc de montagne. Et c’est reparti pour 3h de grimpette. J’ai l’impression d’être une petite vieille qui ne peut plus marcher. Enfin, le village vers 5h. Nous préparons notre pilamo avec Sandrine et nous retrouvons dans la cuisine commune.
Il y a une cérémonie de crémation dans 5 minutes. Le guide nous propose d’y assister. J’émets quelques réserves mais je me range à l’avis du groupe et nous y allons. C’est triste, je me demande ce que je fous là ; à un moment, j’arrête de filmer, et j’essaye de penser à l’âme du bébé entouré des prières des siens pour relativiser la tristesse de la cérémonie. Sandrine pleure et les autres n’en sont pas loin. Ça jette un froid pendant une bonne demi heure après. On fait un feu en attendant de dîner. Il est 6h45, on a l’impression qu’il est 10h !!!
Repas très bon, sauf la soupe aux haricots. Tout le monde prend des enzymes fournies par Corinne pour éviter les gaz. Je vais me coucher, il doit être 20h…Marguerite, Virginie et Sandrine ont peur de dormir dans les pilamos et s’allongent devant le feu. Mais bientôt, il commence à pleuvoir alors elles se serrent à 3 dans une case. Je dors seule dans la mienne mais comme je ne suis pas trop gênée par les bestioles, ça ne m’embête pas.

Samedi 15 mars : Kilise-wamena : Ce matin nous restons à Kilise et les villageois nous préparent un repas traditionnel. Ils sont très avenants les danis de Kilise et la préparation du repas est fort sympathique. D’abord, ils préparent un grand feu sur lequel ils font chauffer des pierres pendant 2h, puis, après avoir disposé des feuilles en cercle autour et dans un creux,
ils transportent les pierres chaudes du feu vers le « four », rajoutent une couche de feuillage puis une couche de pierres, puis des patates douces, du tarot, du chou, du fruit rouge, des feuilles variées, tout ça entre plusieurs couches de pierres jusqu’à arriver à un tas d’environ un mètre de hauteur, fumant. Ils attachent le tout avec des lianes.
Il est déjà midi. En attendant que le repas soit cuit, les villageois sortent leur artisanat, nous leur achetons quelques trucs : qui un collier, qui de la résine, qui des arcs et des flèches…
Ca y est, on ouvre le four. Ça donne des légumes cuits et de la sauce rouge vermillon faite en pressant le fruit rouge. Les patates douces sont très bonnes. Le tarot et la sauce rouge n’ont pas tellement de goût.
Il est 2h, nous repartons vers Wamena. 2h de marche tranquille par rapport à la veille. Nous arrivons aux voitures juste quand il commence à pleuvoir. Quelle chanceuses!!
Arrivées à l’hotel, nous payons les porteurs et allons faire des achats pour les korowais.
Dîner sympa pendant lequel Nicky nous donne des détails croustillants : Les korowais sont cannibales et ne mangent que les hommes. Quand la tribu A croit qu’un homme d’une tribu voisine (on l’appelle tribu B) a jeté un mauvais sort à quelqu’un – par exemple en cas de mort d’un korowai (tribu A) pas trop vieux –, elle demande à la tribu B de lui livrer l’homme qui est supposé avoir cette mauvaise influence (désigné par la tribu A). Bien sûr, la tribu B protège ses membres et refuse. S’en suit une guerre de clans pendant laquelle le clan A kidnappe, tue et hache menu une femme et parfois même un des enfants du désigné sorcier comme avertissement afin que la tribu B livre « le sorcier ». Celui-ci sera finalement mangé par la tribu A, de façon à empêcher son âme de « polluer » d’autres âmes.
Il nous distille aussi quelques autres histoires à faire peur !!! Serait ce parce qu’on est de pauvres femmes sans défense ? J’ai tendance à le croire…

Dimanche 16 mars : Wamena-Yaniruma-Clan Dambol , pays Korowaï : Nous partons vers 8h pour l’aérodrome de Wamena. Nous attendons le vol pendant presque 2h en buvant café ou thé au bar de l’aéroport. Le petit avion arrive. Il fait très beau, c’est un Twin Otter de 14 places. Nous sommes serrés. Le vol se déroule parfaitement. 45 minutes après nous atterrissons en douceur sur la piste de Yaniruma.

Il y a beaucoup de korowais et kombais, ils ressemblent à des yéménites ou des éthiopiens,

pas du tout aux danis qui eux ont les traits plus mélanésiens. Nicky discute beaucoup avec les porteurs pour décider qui fera quoi. Lefam et Fenilum qui parlent bahasa seront les aides de Nicky et traduiront. Freddy qui est venu avec nous aidera Nicky et Otis.

Après un déjeuner frugal, nous partons en pirogue. Une demi heure sur la rivière Sokum et nous débouchons sur la grande Dairam. Nous accostons dans la boue. Corinne s’ouvre la chaussure dès le début.

Il fait chaud et humide et nous sommes obligé de regarder nos pieds. 2h de marche dans la forêt humide et on arrive, en nage chez les Dambol.

C’est superbe, il y a des maisons perchées et ils nous ont construit une maison temporaire, une salle de bain et des toilettes et tout un chemin sur des troncs. Nous nous lavons dans la rivière, on dirait un bain japonais. Corinne et moi nous faisons un creambath. L’eau est bonne et ça fait vraiment du bien de se laver. Nous décrottons nos chaussures. C’est super, on dort toutes ensemble sous les moustiquaires dans la maison temporaire.

Lundi 17 mars : Chez les Korowaïs : Aujourd’hui, journée cool, mais on se réveille quand même vers 6h, sauf Sandrine qui se lève dès 5h30. Elle a la phobie des insectes donc elle ne dort pas hyper bien. Ce matin, nous regardons les gens vivre, nous en soignons quelques uns avec ce que l’on a, nous leur faisons goûter à nos fruits secs, nous assistons à la consolidation de l’échelle pour monter dans la maison haute.
Virginie et Marguerite vont à la pêche avec Denver et 2 enfants korowais pendant que je les filme.
Après le déjeuner, nous partons en forêt voir la récolte des larves à sagoutier. Une heure de balade en suivant les femmes qui élaguent au coupe coupe. Nous atteignons une sorte de clairière avec des branches de sagoutiers par terre et un gros tronc coupé.
Les femmes s’activent avec des haches pour ouvrir le tronc et trouver le trésor : les larves – 4cm de long, 1,5 de large, blanche, avec une tête en chitine marron – Le tronc a été coupé 2 à 3 mois auparavant pour que les larves aient le temps de s’y développer. Il y a une odeur de fermentation très forte et plein de larves. Irène se lance la première pour y goûter. Pas mauvais, du coup Virginie et moi nous lançons aussi. En effet, la larve a la consistance et le goût d’un coquillage cru. Ça plait bien aux korowais et aux autres papous qui se régalent.
La récolte est bonne et nous passons encore 1 heure pour tout prendre. Les bébés pleurent, ils ont chaud. Corinne distribue des lingettes pour les rafraîchir. C’est effectif et les enfants sèchent leurs larmes.
Nous retournons au camp. Là, les femmes nous montrent comment elles fabriquent avec le sagoutier des jupes en feuilles, des médicaments traditionnels contre les maux de gorge en feuilles tressées puis grillées, des filtres en tapant l’écorce.
Elles nous montrent aussi comment elles font des nasses en bambou et préparent les larves dans des petits paquets avec du sago pour les cuire.
Nous offrons des cigarettes alentour. Il y a 2 frères korowais très beaux, certainement d’un autre clan qui ont des os de chauve- souris dans le nez, comme des cornes de scarabée.
Il est déjà 4h, la lumière est belle, nous demandons à Nicky de pouvoir monter dans la maison haute. Sandrine et Virginie y vont en premier, pieds nus. C’est impressionnant de hauteur. Je ne sais pas si je pourrai le faire. Elles redescendent ravies. J’y vais avec Marguerite. La montée de 40 m est difficile, ça fait mal aux pieds car les rondins ne sont pas plats. De là haut on a une vue d’enfer. Je filme et nous redescendons.
Après, j’ai mal aux plats des pieds et aux mains, pendant plusieurs jours. Dans la nuit, il pleut des cordes.

Mardi 18 mars : Pays korowaï-Yaniruma : On se lève à 7h en pensant à la marche dans la boue que l’on va se taper tout à l’heure. Corinne a oublié ses pompes dehors…J’essaye les toilettes. Impossible, avec la pluie, ça déborde de partout. Appetissant dès le petit déjeuner !!!
Nous nous mettons en route pour voir la fabrication du sago.
Il y a plein d’eau partout, un vrai parcours du combattant.
Nous marchons 1h et les hommes coupent un sagoutier ainsi q’un palmier et en extraient le cœur dont tout le monde se régale. Les femmes réduisent l’intérieur du tronc en petits copeaux en martelant avec des marteaux en bambous fabriqués sur place. Ensuite, elles passent les copeaux à travers un filtre bricolé pour obtenir une pâte amidonnée très douce (je suis sûre qu’on pourrait en faire un produit cosmétique) mais sans beaucoup de goût.
Je me suis déchaussée pour passer dans l’eau et j’ai les pieds dans l’humus. J’espère qu’il n’y a pas de vers macaques. Nous repartons au camp par le même chemin, trempés et même plus puisque nous pataugeons littéralement dans l’eau !! Nos pompes pèsent une tonne mais il y a tellement de risques de s’écorcher que nous ne voulons pas marcher pieds nus (ceci dit, si nous restions plus longtemps dans cette forêt, je crois qu’on finirait par s’y mettre, on s’habitue à tout. Déjà, au début, on ne voulait pas se salir, puis maintenant, tout le monde s’en fout, alors le reste ça peut venir aussi…).
De retour au camp, nous préparons nos sacs pour le départ et nous déjeunons. Otis nous a préparé un super repas, as usual. Nicky va discuter avec les korowais pour les payer et nous nous retrouvons à 2h30 pour un petit marché dans la maison longue. A 2h30, Nicky est toujours en train de distribuer l’argent à tous les gens qui ont travaillé.
Ça discute beaucoup. Finalement, à 3h, nous nous dépêchons d’acheter quelques souvenirs : arcs, colliers, jupes, pipes, boucliers…et à 3h45, nous repartons par un chemin différent de l’aller, plus court pour rejoindre les pirogues plus haut. On ne marche que sur des troncs ou des branches, parfois les pieds dans l’eau. On s’arrête 2 minutes pour boire et on se fait bouffer par les moustiques. Je suis seule avec Soliman mon porteur et au bout d’une heure, je me demande si on ne s’est pas perdus. La lumière décline, les bruits de la forêt changent, bref, ça sent le crépuscule. J’arrive aux pirogues à 5h10. Il y a déjà Margotte et Virginie. Nous attendons les autres ¼ d’h encore. On embarque 3 par 3 dans les pirogues. Et là, quelle chance, nous admirons le paysage sur la rivière très calme, avec un magnifique coucher de soleil.
Nous arrivons à Yaniruma à la tombée de la nuit. Nous nous installons dans une case similaire à celle que nous avions en forêt. Evidemment, nous voulons nous laver. Nous avons tant sué. En fait, l’endroit pour se laver, c’est l’embarcadère. Il fait nuit déjà et mis à part Virginie qui va se baigner, nous n’en avons pas trop envie. Nous nous décidons pour une « toilette lingettes ». J’ai une épine dans le gros orteil que Marguerite m’ôte avec une aiguille. Nous payons les porteurs. Ils sont 17 pour les affaires communes et 6 pour nous. Nicky a du mal avec les korowais, à chaque fois, ils se partagent le travail donc il doit payer deux fois plus de porteurs que prévu (ceci dit, puisqu’il le sait, il devrait le prévoir dans son budget !).

Après le dîner, nous nous couchons sous la lune presque pleine, en regardant les étoiles. Comme il y a trop de moustiques et que je suis fatiguée, je rentre dans la case sous ma moustiquaire. Ça penche un peu.

Mercredi 19 mars : Yaniruma-Timika : Je dors à peu près bien jusqu’à 5h. Il pleut et ce jusqu’à 7h. Hier soir, Nicky m’a dit qu’un korowai non content d’avoir été choisi comme porteur avait mis le feu aux toilettes pour se venger. Donc, pipi dans les herbes. Nous discutons avec la famille de missionnaires coréens qui vit depuis plus d’un an à Yaniruma. Ils sont jeunes et ont 2 enfants. La femme nous dit que c’est dur pour elle car les korowais sont assez violents et belliqueux, mais, ils ont un boulot à faire : traduire la bible en korowai pour éduquer ces infidèles !!! et parallèlement, ils les soignent ce qui est plutôt bien pour les korowais. Nous leur donnons les médicaments qui nous restent. Nous allons sur la piste attendre le twin Otter de Trigana air.

Il arrive presque 2h après. Au départ, l’émotion nous envahit (sans trop savoir pourquoi) et nous sommes plusieurs à pleurer.

Petit aparté sur les Korowais : Ils ont été contactés pour la première fois en 1976. Un hélicoptère leur a laissé des présents sur la rive de la rivière et est parti. Après plusieurs manœuvres de ce type l’hélicoptère a déposé sur la berge des papous Lanis qui ont établis le premier contact. Quand les korowais ont vu le premier avion en 85 atterrir à Yaniruma, ils ont fait une fête, croyant que c’était l’oiseau qui annonçait la fin du monde.
Ils vivent en clan et le territoire est informellement divisé entre eux depuis la nuit des temps. Ce sont des chasseurs cueilleurs qui vivent au jour le jour et fabriquent leurs outils sur place. Ils transportent très peu de choses. Ils sont cannibales par peur des esprits malins. Ils n’enterrent pas leurs morts mais les laissent dans une maison haute et en construisent une nouvelle pour y habiter. Ils commencent à être christianisés. Ils sont monogames, exceptionnellement, polygames car ça coûte cher en dot (collier en dents de chiens, ou en dents de cochons). Ils souffrent de l’éléphantiasis et du paludisme. Leur principale nourriture est le sago, les larves à sago, les oiseaux et les jours de fête, le cochon.


Le voyage pour Timika se passe impec. L’arrivée au Sheraton est plutôt bluesy. Quelle différence ! La réadaptation est un peu dure pour nous toutes. D’ailleurs nous sommes silencieuses au repas.

A Timika, il y a 90% de non papous et 10% de kamoros, qui font les boulots les moins qualifiés bien sûr. Nous n’avons pas eu l’autorisation d’aller à la mine de Freeport. Ça n’est pas faute d’avoir essayé. Ça ne fait rien, demain nous irons voir un village kamoro.

Visite de la ville l’après midi, sans grand intérêt. Le soir, nous allons au resto chinois, et ensuite, nous buvons un cocktail au bar – retour doucement vers la civilisation…– puis, dodo dans nos lits bien moelleux.

Jeudi 20 mars : Timika-le port-Timika : Ce matin, petit déj copieux d’hotel puis départ vers le port où l’on doit voir des villages kamoros. Une bonne heure de route en plein soleil toutes fenêtres ouvertes car la clim est « rusak ». Sur la route nous voyons un habitat un peu éclectique, souvent pauvre, en bois.
Nous stoppons devant un village situé à côté d’un site pétrolier. Ce sont des maisons sur pilotis construites sommairement sur une zone marécageuse.
Nous discutons avec quelques habitants et en fait, ce sont des immigrés asmat.

Nicky ne connaît pas du tout le coin on dirait…Nous arrivons au port. Il y a beaucoup de pêcheurs. L’ambiance est assez surréaliste.

Retour à Timika, petit tour au marché où j’achète du bétel et des cassettes de musique papou. Nous allons ensuite dévaliser la boutique d’art papou en achetant des masques et autres souvenirs.
Le soir, on fête l’anniversaire d’Irène. Nous lui offrons le dîner et un collier en dents de cochons.

Vendredi 21 mars : Retour vers Jakarta

1 commentaire:

Martine a dit…

bonjour